Place des Vosges, Jeudi noir s’accroche à sa « Marquise »

Rue 89, par Marie Kostrz, le 19. 01. 2010

Dans la « Marquise », l’hôtel particulier place des Vosges, à Paris, squatté depuis fin octobre par Jeudi noir, les 33 occupants adoptent une nouvelle stratégie. Condamnés à quitter les 1000 m2 qu’ils occupent depuis le 31 décembre, ils sollicitent le soutien des hommes politiques dans leur lutte contre le mal-logement, à quelques mois des régionales.

Les militants du collectif, qui ont profité d’une couverture médiatique plutôt favorable, n’ont pas l’intention de déserter les lieux. Pourtant, le jugement rendu lundi par le tribunal d’instance du Ve arrondissement de Paris est clair : ils ont huit jours pour plier bagage.

Jonathan, qui habite les lieux depuis les premières heures du squat, s’indigne :

« Nous avons en plus été condamnés à payer 3 400 euros d’indemnités par mois occupé, soit environ 10 000 euros depuis la fin octobre. Dans huit jours, si nous restons, nous devrons verser des indemnités de 25 000 euros ! »

Ces étudiants et jeunes travailleurs, âgés de 19 à 37 ans, ont annoncé qu’il feraient appel. Ils peuvent, pour les épauler dans leur bataille, compter sur quelques hommes politiques.

Ce matin, lors de la conférence de presse organisée par le collectif dans la cour de l’hôtel particulier, Jean-Yves Mano, adjoint PS au Logement à la ville de Paris, était présent à leurs côtés :

« Le verdict est scandaleux, l’amende est injustifiée. On cherche à écraser la contestation légitime d’un mouvement de jeunes. Dans ce conflit, la ville de Paris, qui réclame son droit de saisir les immeubles qui ne sont pas habilités, essayera de servir d’intermédiaire. »

La « Marquise » pourrait devenir un lieu d’échange sur le mal-logement

A l’approche des élections, Jeudi noir, qui organise déjà des projections de films autour du logement, entend transformer la Marquise un lieu d’échange. C’est ce qu’a expliqué Margot Leduc, étudiante en géographie et occupante des lieux :

« Dans ce bâtiment, on invitera tous les candidats aux régionales pour qu’on puisse réfléchir ensemble à la question du mal-logement. »

Secondé par la fondation Abbé Pierre et l’association Droit au logement (DAL), Jeudi noir veut se servir du contexte électoral pour faire avancer ses revendications. « Nous attendons la gauche au tournant »

Parmi les mesures à prendre selon eux, l’encadrement des loyers et une politique massive de construction de logements sociaux. En octobre, Jeudi noir avait publié « Le Petit Livre noir du logement » (éditions La découverte).

Interpeller les médias ne suffit plus. « On veut forcer l’Etat à appliquer la loi de réquisition des logements vides », affirme Jonathan. D’après ce jeune assistant réalisateur de documentaire, la plupart des politiques qui soutiennent le collectif appartiennent à l’opposition :

« Nous espérons qu’elles ne resteront pas inactives sur ce sujet, y compris après le vote. Nous attendons aussi la gauche au tournant. »

Jean-Paul Huchon, président socialiste du conseil régional d’Ile-de-France, et candidat pour un troisième mandat, a ce matin fait parvenir une lettre de soutien au collectif.

Mais tous les partis sont invités à se joindre à Jeudi noir, indique Jonathan :

« Nous avons parmi nous des militants de tous bords : PS, NPA, Europe-écologie, MoDem, nous allons vraiment faire du lobying pour qu’une réelle prise de conscience du problème du mal-logement s’opère. »

Le député UMP de Versailles, Etienne Pinte, qui défend la loi de réquisition, était venu ce matin soutenir les squatters. « C’est la juge qui en a fait une question politique »

Pour les membres du collectif et ses défenseurs, ce glissement de leur bataille vers le champ politique apparaît inévitable :

« En demandant au préfet de reloger les squatters avant de les expulser, c’est la juge elle-même qui en fait une question politique. Le préfet est directement nommé par le ministère de l’Intérieur ! »

Comme l’explique Jonathan, les 33 jeunes occupants n’ont donc pas l’intention d’abdiquer :

« En plus de faire appel, nous allons soumettre une proposition à la propriétaire des lieux. Nous souhaiterions signer une convention d’occupation précaire, pour un loyer mensuel de 3 400 euros. Bien sûr, cela ne mettrait pas un point final à l’instabilité de notre situation, mais au moins nous garderions un toit. »

La justice ordonne l’expulsion du collectif Jeudi noir de la place des Vosges

Le Monde, 18.01.2010

La justice a ordonné, lundi 18 janvier, l’expulsion des treize militants du collectif Jeudi noir de l’hôtel particulier parisien qu’ils occupent depuis plus de deux mois. Le tribunal d’instance du 5e arrondissement de Paris, qui statuait en référé, a ordonné « l’expulsion (…) au besoin avec l’aide de la force publique faute de départ volontaire, à compter du 8e jour du prononcé de la présente ordonnance », soit à compter de lundi prochain. La justice ordonne également aux squatteurs de payer à la propriétaire « la somme de 3 400 euros mensuels à titre d’indemnité d’occupation » du 31 octobre (date du début de l’occupation des locaux) jusqu’à lundi. S’ils n’ont toujours pas quitté les lieux d’ici là, ils devront payer 25 000 euros par mois à partir du 26 janvier. Les avocats de la propriétaire de cet immeuble du XVIIe siècle, situé place des Vosges, avaient réclamé cette expulsion, ainsi que le versement d’environ 140 000 euros d’indemnité.

Le bâtiment de près de 1 500 m² a été acheté en 1963 par Béatrice Cottin, aujourd’hui âgée de 87 ans. Elle vit depuis plus de deux ans dans une maison de retraite à la suite d’une fracture du fémur. Sa tutrice, qui la représente légalement, a engagé les poursuites contre les étudiants et travailleurs précaires qui occupent les lieux depuis le 31 octobre. Ses avocats ont mis en avant le fait qu’il s’agit de « la résidence principale » de Mme Cottin et que l’occupation des lieux l’empêchera de réintégrer son domicile à l’issue de sa convalescence. « Aucune loi ne permet à des personnes d’entrer par voie de fait chez autrui, pas plus la loi sur les réquisitions que celle sur le logement opposable », a plaidé Me Claire Waroquier.

« Mme Cottin n’habite pas actuellement sur les lieux et n’a pas vocation à y habiter à court terme », a défendu pour sa part l’un des avocats des jeunes militants, Me Pascal Winter. Il a contesté le caractère d’urgence de l’expulsion demandée, arguant qu’il n’y a pas eu de travaux dans l’immeuble depuis plus de quinze ans et qu’il n’y en aura pas « avant de nombreux mois, voire années ».

Le jugement du tribunal d’instance est « un jugement très dur » qui « impose aux étudiants de partir sans délai et en plein hiver », a dit lundi à l’AFP Julien Bayou, un porte-parole du collectif. Jeudi noir a tout de même « un motif de satisfaction, c’est que la justice n’a pas reconnu le préjudice ». « Les 3 400 euros par mois à titre de loyer on est prêts à les payer, d’autant qu’on avait déjà proposé de le faire », a ajouté Julien Bayou.

Il a souligné, en outre, que les militants de Jeudi noir étaient expulsés alors qu’il n’y a « pas de projet pour cet immeuble ». « A deux reprises on a déjà quitté des locaux qu’on occupait parce qu’un projet d’utilisation était lancé. Place des Vosges, ce n’est pas le cas, on nous expulse et le bâtiment risque de rester vide pendant des années. C’est un jugement très dur, fait pour nous intimider », a-t-il ajouté.

« Nous allons interjeter appel, et demander la suspension de l’exécution » de ce jugement, « fondé sur un mensonge puisque la propriétaire n’a jamais habité les lieux », et n’a pas l’intention de le faire à court terme, a réagi l’avocat de Jeudi noir, Me Pascal Winter. « Le tribunal reconnaît qu’il y a un problème, mais il dit ‘débrouillez-vous' », a-t-il ajouté, en qualifiant sa décision de « frileuse et ambiguë ».

Dans un communiqué, Droit au logement (Dal) « dénonce cette décision de justice brutale qui condamne les jeunes de Jeudi noir à quitter les lieux dans un délai d’une semaine, en plein hiver, et prononce des peines financières disproportionnées ». L’association « demande que cet immeuble soit réquisitionné par le préfet et qu’une lutte sans merci soit engagée pour que les logements vacants soient habités », ou « à défaut que la propriétaire et son tuteur consentent à signer une convention d’occupation précaire avec les habitants, le temps que son projet de réhabilitation voie le jour, et abandonne ses prétentions financières ».

Le Monde avec AFP

Jeudi Noir-Expulsions : Duflot s’indigne. 18.01.10

JDD, 18 janvier 2010

Suite à la décision du Tribunal d’Instance du 5ème arrondissement d’expulser dans un délai de huit jours des militants du Jeudi Noir, Europe Ecologie s’est exprimé lundi en faveur des militants. Dans un communiqué, Cécile Duflot, tête de liste Île-de-France et Augustin Legrand, 3ème de liste à Paris, ont critiqué un « jugement extrêmement sévère et disproportionné ». Pour Cécile Duflot, « la criminalisation des mouvements sociaux qui mettent sur la place publique des problématiques essentielles pour la population prouve l’absence de solutions pérennes du gouvernement en matière de logement ». Augustin Legrand vise quand à lui directement Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement, « qui jusqu’à présent s’est contenté de mesures de saupoudrage alors que 10 millions de personnes sont touchés par la crise du logement en France ».

Marche sur l’Elysée vendredi 15 janvier 11h

Nouvelle délégation à l’Élysée pour connaître la réponse du Chef de l’État sur l’application de la Loi de réquisition Rendez vous à 11h vendredi 15 janvier 2010, à la sortie du métro Miromesnil.

CDSL – COPAF – DAL – Jeudi noir

COMMUNIQUE Paris le 12 janvier 2009

Suite à la marche de noël pour l’application de la Loi de réquisition, une délégation des mouvements DAL Jeudi noir, CDSL, COPAF, avec Jacques Gaillot, Albert Jacquard, Josiane Balasko, olivier Besancenot, Augustin legrand ont déposé des demande réquisition au président de la république le 22 décembre.

Refoulée par la police, la délégation avait été contrainte d’envoyer par courrier RAR les demandes.

Trois semaines plus tard, la même délégation se rend à nouveau à l’Elysée, pour demander à être reçu et connaître la réponse du chef de l’Etat concernant la mise en oeuvre de cette loi de la République.

Rendez vous à 11h vendredi 15 janvier 2009, à la sortie du métro Miromesnil.

A Vendredi ! L’équipe de Jeudi-Noir


Journée d’actions pour l’application de la loi de réquisition !

Alors que la crise du logement s’aggrave, il y a 1,8 millions de logements vacants en France, dont 330 000 en ile de France et 122 000 à Paris, selon l’INSEE. Ils sont vides par négligence, par calcul mercantile, par refus égoïste de louer … et ceci, sans compter les millions de mètres carrés de locaux et de bureaux également inoccupés …

Ces logements sont vacants alors que 15 000 ménages en ile de France dont 10000 à Paris sont reconnus prioritaires et attendent que les Préfet les reloge comme les y oblige la loi DALO

Ils sont vacants, alors que des artistes, des précaires, des intermittents des jeunes, des étudiants, ou des mal-logés réquisitionnent des espaces vacants pour se loger, en faire des lieux de vie, de travail et d’échange. Ils restent vides lorsque les habitants en ont été expulsés, comme 69 rue de Sèvre …,

Ils sont vacants depuis parfois des décennies, comme le 1 bis place des Vosges réquisitionné depuis le 27 octobre .

Ils sont vides et pourraient servir de logements « tiroir » pour les résidents de foyers en réhabilitation plutôt que les expulser et les laisser dehors comme rue David d’Angers.

Ils sont inoccupés alors que des demandeurs d’asile et des sans abris se cachent pour dormir dans des squares et des sous bois ;

Ils sont vides, alors que les sans abris meurent plus nombreux chaque année, que les enfants des taudis sont atteint de saturnisme, que les famille entières sont en errance sans pouvoir assurer une vie et une scolarité décente à leurs enfants, car ils sont privés de logement

Ils sont vides alors que les marchands de sommeil, les spéculateurs et les bailleurs privés font leur beurre, que les couches populaires sont chassées des centres, que les jeunes et les étudiants ne peuvent plus se loger que les locataires se serrent de plus en plus la ceinture pour payer leur loyer…

Ils sont vides, alors que 1,3 millions de familles attendent un HLM, dont 300 000 familles en Ile de France, que le nombre d’expulsions sans relogement est en hausse à cause de la spéculation et de la flambée des loyers.

L’État est en faute, car il refuse d’appliquer la loi de réquisition, il piétine la loi DALO. Or la loi de réquisition a été utilisée avec succès depuis sa création en 1945, notamment en 1995 et 1996, suite à l’occupation de la rue du Dragon par des sans logis, des associations, l’Abbé Pierre, et beaucoup d’autres..

De plus en plus de voix réclament l’application de la loi de réquisition, comme le Comité de suivi de la loi DALO.

La décision appartient au Gouvernement, en donnant instruction aux Préfets d’appliquer la loi, tout simplement !

08.01.10 The Times. Student squatters fight for right to stay in £18m Parisian mansion

Le Times The ballroom has been graced by aristocrats, intellectuals, artists and millionaires. The beams on the ceiling date from the early 17th century. And the windows look out over one of the most exquisite squares in central Paris.

But the current occupants of the mansion at 1b, Place de Vosges have little in common with its illustrious history.

“My father was a shopkeeper in the Pyrenees and my mother a Yugoslav gypsy,” said Stéphane Roques. He is among 32 activists who have transformed the 403-year-old historic monument into what is being described as the world’s most prestigious squat.

Their aim is twofold : to provide themselves with a roof in a city where rents are prohibitive for students and ordinary workers, and to attract attention to the thousands of empty premises in the capital.

Mr Roques said that members of his group, Jeudi Noir (Black Thursday), squatted the 1,300 sq m building in October after noticing that it appeared to be vacant. They shoved open a rickety back door and found themselves in surroundings more familiar to the nobility.

Marquise de Sévigne, the French aristocrat famous for the wit and style of her letters, was born there in 1626. Paris Singer, a descendant of the American sowing machine dynasty, rented the house at the turn of the 20th century. Isadora Duncan, the dancer who was his mistress, lived there with him.

The mansion, in the Marais district, is valued at up to €20 million (£18 million) and its red brick and stone front is in harmony with the rest of the exclusive Place des Vosges, which was built by King Henry IV and is thought to be Europe’s oldest planned residential square.

But behind the façade, the squatters — a highly educated group including architects, journalists, a violinist and students of France’s best universities — discovered chaos and unfinished renovation work.

Wires were sticking out of unpainted walls. Dusty plaster boards had been left next to an ancient fireplace. The back stairs wound up to a gloomy, unlit landing. “The building had been abandoned and we think that when a building is empty, the homeless have a moral right to stay in it,” Mr Roques said.

The mansion belongs to Béatrice Cottin, an 87-year-old spinster, whose father was the founder of the Banque Française du Commerce Extérieure (French Bank of Foreign Commerce).

Although she lives in a retirement home, her lawyers say she considers the house as her main residence — a claim contested by Mr Roques, who says the dilapidation proves it has not been occupied for decades.

He says that she began a vast programme of building work to turn the mansion into flats and a foundation for oriental languages, but never completed her project.

The arguments were voiced this week in a Paris court, where Miss Cottin’s trustees called for the squatters to be evicted and ordered to pay damages which could come to several hundred thousand euros. Judgment will be given on January 18.

Mr Roques, who works as a translator, will be in debt for the foreseeable future if Jeudi Noir loses the court case, but even then the time that he has spent in the squat will have been memorable.

“It is no doubt the first and last time in my life that I am able to live in the Place de Vosges,” he said.

It has also significantly raised the profile of the campaign by Jeudi Noir — so called because Thursday is the day of publication of France’s main classified housing advertisement weekly — for a law authorising the requisition of empty buildings. Estimates of the number of vacant premises in Paris vary between 21,000 and 136,000.

Some commentators, however, say that empty buildings are so common because there are already too many laws. Tenants in France, for example, are protected from eviction during winter, meaning that it can be easier and cheaper for landlords to leave a building empty than to rent it out.

No place like home

• In 2009 six squatters aged between 24 and 34 moved into the former Mexican Embassy and Tanzania High Commission in Mayfair. All artists, the squatters invited the public in to view the two mansions, worth an estimated £30 million

• Squatters in Warrawee, Australia, happily moved into a couple’s unfinished $5 million mansion in 1990. The completion of the house, which was fashioned in the style of Gone with the Wind, had been put on hold after the owners’ business collapsed

• Almost 100 squatters lost a legal battle in 2000 aiming to win ownership of a £6 million Victorian block, overlooking Lord’s cricket ground, which Lambeth council had forgotten it owned. Six flats in the block were awarded to squatters, who the judge ruled had proved their claims

• In 2003 two businessmen occupied the penthouse suite of Cape Town’s luxury Strand Beach hotel, running up a £22,500 bill and ordering up to seven seafood platters a night. They were finally evicted by the courts Source : Times database

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