Les squatteurs de Jeudi noir seront-ils expulsés ?

J’y suis, j’y reste ! Installés depuis le 27 décembre dans un bâtiment de l’avenue Matignon qu’ils disent inoccupé depuis 2006, les squatteurs parisiens de Jeudi noir parlementent avec les autorités pour éviter l’expulsion.

France Soir

C’est un immeuble en verre et pierre de taille, calé entre deux bâtisses haussmaniennes, occupé par le collectif Jeudi noir. Sur le trottoir opposé, les locaux de son propriétaire, l’assureur Axa, lui font face. Entre les deux, un cordon de CRS fait le siège, contrôlant les entrées et les sorties.

Les squatteurs ont choisi un vendredi pour révéler leur occupation depuis fin décembre de cet immeuble de bureaux de l’avenue Matignon, à un jet de pierre du palais de l’Elysée.

Evidemment, le choix est tout sauf anodin. Avec vue imprenable sur la cour du Château, la trentaine de membres du collectif se plaisent à toiser ceux dont ils dénoncent « l’inaction contre le mal-logement ».

« C’est ça qui est génial. C’est un immense pied-de-nez qui est fait au gouvernement et à M. Sarkozy », explique Ariane Calvo, adjointe au maire dans le XXe arrondissement et membre du Parti de Gauche. « Il n’y a pas encore eu de réactions de l’Elysée, mais je me plais à penser que ça a dû criser très fort ce matin », note l’élue, brassard « Jeudi noir » au bras, venue soutenir le collectif.

L’ambassade israélienne met la pression

Julien Bayou, leader du collectif et conseiller régional Europe Ecologie en Ile-de-France, est en pleine négociation avec les propriétaires et la préfecture. Joint par téléphone, il expose les deux objectifs de ces pourparlers : « que les élus qui nous soutiennent puissent avoir accès aux bâtiments et que nous puissions nous y installer durablement ». Mais le ton n’est pas à l’optimisme.

« L’expulsion est probable, notamment à cause de la proximité de l’Elysée. (…) Ce serait totalement illégal, mais il y a longtemps que Brice Hortefeux se fiche de la légalité ». Axa n’ayant pas porté plainte, l’expulsion n’est pas possible théoriquement, ajoute t-il.

Un membre de Jeudi Noir, resté à l’extérieur, confirme ces doutes vers 16 heures. L’ambassade israélienne, à deux pas de l’immeuble, « a mis la pression sur les pouvoirs publics ». Et les autorités évoquent des questions de sécurité propres à ce quartier de ministères.

Finalement, il s’avère à 18 heures que Axa a porté plainte.

Plus qu’une occupation, c’est un coup d’éclat de moins de deux semaines pour le collectif. En 2010, les squatteurs militants avaient tenu plus longtemps, immobilisant pendant un an un somptueux hôtel de la place des Vosges à Paris avant d’en être délogés.

« Jeudi noir » installe un squat à deux pas de l’Elysée

Dénonçant les immeubles inutilisés en plein Paris alors que sévit la crise du logement, le collectif a décidé de frapper un grand coup en occupant un immeuble de huit étages appartenant à Axa, avec vue sur la cour de l’Elysée.

TF1

L’adresse est prestigieuse : 22, avenue de Matignon. Un grand mur-rideau en verre teinté s’élève sur huit étages, tranchant avec les façades en pierre des bâtiments parisiens avoisinants. Son aspect résolument moderniste date de l’année 1976, lorsqu’il avait été largement transformé pour l’agence de publicité J. Walter Thompson. En plein coeur d’un des quartiers les plus recherchés de Paris, à deux pas de la place Beauvau, siège du ministère de l’Intérieur, et tout près de l’Elysée, dont on aperçoit les toits depuis le dernier étage, cet immeuble de bureaux appartient à l’Ugicomi, filiale à 90% de l’assureur Axa. Et il est vide depuis 2006. Ou plutôt, était vide : car depuis le 27 décembre dernier, une trentaine de membres du collectif Jeudi noir l’occupent de manière discrète.

Le collectif s’était déjà illustré par diverses opérations médiatiques en plein Paris, comme l’occupation de l’hôtel particulier de « La Marquise » place des Vosges, ou l’installation d’un éphémère « ministère de la Crise du logement » place de la Bourse. Cette fois encore, le but est le même : dénoncer l’existence d’immeubles entiers vides de tout occupant en plein coeur de Paris, malgré la crise du logement. Ces bâtiments inoccupés et pourtant habitables, le collectif en recense 200 dans la capitale, un sur dix n’étant même pas gardé. Pour cette nouvelle opération, « Jeudi noir » compte sur l’aspect prestigieux du quartier et sur le voisinage plus prestigieux encore, avec l’Elysée en ligne de mire, pour trouver un écho médiatique accru. L’officialisation de l’occupation a lieu ce vendredi, une fois passé le « délai de carence » qui garantit aux squatteurs une reconnaissance de l’occupation de fait de l’immeuble et rend leur expulsion plus difficile. Jusque-là, il a fallu faire profil bas et éviter les patrouilles de police ou les regards des riverains à chaque entrée dans l’immeuble. Désormais, la date effective de la première entrée dans l’immeuble dûment reconnue par huissier, les membres du collectif comptent s’installer de manière un peu plus confortable… et surtout plus voyante.

« Sous le nez de Sarkozy »

« Il n’y a pas de ministère du Logement en France, alors nous allons créer un nouveau QG du mal-logement, ici, sous le nez de Sarkozy« , explique dans les colonnes du Parisien Julien Bayou, conseiller régional Europe Ecologie-les Verts doublé d’un militant à multiples casquettes, puisqu’on le retrouve aussi bien chez « Jeudi noir » que dans les rangs de Génération précaire ou d’autres associations. Option envisagée : une grande banderole en travers de la façade pour dénoncer le mal-logement, avec le secret espoir qu’elle soit visible depuis l’Elysée. Mais les militants redoutent que cette proximité n’entraîne aussi une réaction d’autant plus rapide des forces de l’ordre… et une expulsionmanu militari.

En attendant, ils s’installent : matelas, sacs de couchage ont été sortis avant l’aube d’une camionnette et répartis dans les plus de 2500 m2 de surface habitable de l’immeuble. Vingt-quatre chambres déjà aménagées, douches et sanitaires à chaque étage : tout le confort pour la trentaine de militants qui occupent les lieux. Parmi eux, des chômeurs et des précaires, régulièrement confrontés à la galère du mal-logement. La moyenne d’âge est plutôt jeune, la trentaine ou moins (on compte un certain nombre d’étudiants), certains sont sur liste d’attente pour obtenir un logement social depuis des années et ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Plusieurs ont déjà été expulsés de précédents squats. Quelques-uns comptent s’installer avec femme et enfants. Pour combien de temps ? Le temps d’être entendus, espèrent-ils. « Si cette réquisition citoyenne leur offre un répit au coeur de l’hiver, elle vise surtout à dénoncer l’indifférence du gouvernement vis-à-vis d’une crise du logement qui s’aggrave à mesure que se gonfle la bulle immobilière« , dénonce le collectif dans un communiqué.

Selon l’Insee, on dénombrait en 2009 1,8 million de logements vacants en France, dont 122.000 à Paris. Selon une enquête de l’Ifop pour Seloger.com publiée le mois dernier, plus d’un Français sur cinq se sent menacé par le mal-logement et 7% d’entre eux se considèrent mal logés. Une étude de l’Insee publiée jeudi fait état de 250.000 personnes sans domicile ou en hébergement précaire à la fin des années 2000, auxquelles s’ajoutent 2,9 millions de personnes habitant des logements sans confort. Ces chiffres confirment l’impact persistant et largement diffusé de la crise du logement dans le pays, dénoncé régulièrement par des organisations non-gouvernementales, au premier rang desquelles la Fondation Abbé Pierre.

Jeudi noir squatte un immeuble av. Matignon

Europe 1

Une trentaine d’étudiants et de travailleurs précaires du collectif Jeudi noir occupent depuis le 27 décembre un bâtiment, situé avenue Matignon, à Paris. Cet immeuble de bureaux – vide, selon le collectif depuis 2006 – haut de 8 étages de 527 mètres carrés chacun appartient au groupe Axa.

L’endroit n’a pas été choisi au hasard. L’immeuble est situé à deux pas de l’Elysée et à proximité de la résidence du Premier ministre.

Pour éviter leur expulsion, les squatteurs ont fait constater leur présence lundi par un huissier. « Tant qu’il n’y aura pas un projet pour faire quelque chose de cet immeuble, nous ne bougerons pas », assurent-ils.

Les occupants ont déjà installé leurs affaires, fait réinstaller l’eau chaude et commandé internet.

Un squat avec vue sur l’Elysée

Les militants du collectif Jeudi noir occupent, depuis le 27 décembre, un immeuble de bureaux situé non loin de la place Beauvau et de l’Elysée. Ils dénoncent le mal-logement à Paris.

Par Julien Solonel, dans le Parisien du 7 janvier 2011

C’est leur plus beau coup. Depuis le 27 décembre, une trentaine d’étudiants et de travailleurs précaires, militants du collectif Jeudi noir, occupent un immeuble de bureaux situé avenue Matignon (VIIIe). Propriété de l’Ugicomi, filiale à 90% du géant de l’assurance Axa, ce bâtiment vide depuis 2006 cache derrière sa très belle façade en mur-rideau huit étages de 527 m2 chacun. Un rêve pour les « galériens du logement », qui y ont déjà posé leurs matelas, rebranché l’eau chaude, fait des travaux dans les douches et même commandé une box pour recevoir Internet !

Surtout, le bâtiment occupe une position stratégique, à quelques pas du Bristol et à proximité de lieux ultrasécurisés, comme la place Beauvau, siège du ministère de l’Intérieur, ou l’ambassade d’Israël. Cerise sur le gâteau, « du huitième étage, on a une très belle vue sur l’Elysée », s’amuse Simon Cottin-Marx, de Jeudi noir, en montrant les toits du palais présidentiel. Pour le collectif qui lutte contre la crise immobilière à coups de réquisitions sauvages, ce nouveau squat est un pied de nez au pouvoir et une manière d’interpeller les politiques.

« Il n’y a pas de ministère du Logement en France, alors nous allons créer un nouveau QG du mal-logement, ici, sous le nez de Sarkozy », explique Julien Bayou, conseiller régional Europe Ecologie-les Verts et militant suractif qu’on retrouve aussi chez Sauvons les riches et Génération précaire. Pour lui, l’occupation vise aussi à montrer du doigt les milliers de mètres carrés de bureaux laissés vacants dans une capitale où il est de plus en plus difficile de trouver un appartement.

Mais au-delà du symbole, l’immeuble du 22, avenue de Matignon permet aussi à 30 personnes de bénéficier d’un toit. Vingt-quatre salles réparties sur les 2500 m2 habitables ont été transformées en chambre, et chaque étage dispose de douches et de toilettes.

Parmi les habitants, on trouve une majorité de trentenaires précaires, comme Jonathan, 28 ans, en recherche d’emploi. Mais aussi quelques familles. Bourhan, 48 ans, va s’installer avec sa femme et ses deux filles de 14 et 12 ans dans 60 m2, divisés en quatre espaces. « Je travaille comme extra dans la restauration, et ma compagne est secrétaire. On vit dans un 48 m2 qui coûte 1000 € par mois, on n’arrive pas à payer », détaille Bourhan, qui attend un logement social depuis quatre ans. Afin d’éviter l’expulsion, les squatteurs de Matignon on fait constater l’occupation par un huissier. « Tant qu’il n’y aura pas un projet pour faire quelque chose de cet immeuble, nous ne bougerons pas », préviennent-ils.

Un grand merci à tous les soutiens, citoyens, élus, militants

A 15h, ce samedi 8 janvier, vous avez été très nombreux à venir soutenir notre action, à nous apporter de la nourriture, des boissons, de grands sourires, de quoi tenir.

A vous voir tous, si nombreux, devant le siège d’AXA au 22 avenue Matignon, nous avons repris de nouvelles forces pour continuer le combat et tenir bon face aux autorités qui encerclent toujours notre bâtiment.

Alors, nous vous remercions profondément et de l’autre côté de cette grande baie vitrée continuons le combat contre le mal-logement et la politique inexistante du gouvernement en matière de logement.

Le combat continue, nous tenons bon.

Jeudi Noir

Merci notamment à:

Un grand merci à nos soutiens :

*

Nadège Abomangoli (Conseillère régionale, PS), Clémentine Autain (Porte parole de la Fase), Alima Boumedienne-Thiery (Sénatrice de Paris, EELV), Corinne Bord (Conseillère régionale, PS), Jacques Boutault (Maire du 2e arrondissement de Paris, EELV), Ian Brossat (Conseiller de Paris, PCF), Martine Billard (Députée de Paris, PG), Ariane Calvo Conseillère de Paris, PG) , Yves Contassot (Conseiller de Paris, EELV), Emmanuelle Cosse (Vice-président de la région Ile-de France, EELV), Eric Coquerel (Elu à la Région, secrétaire nationale du PG), Laurianne Deniaud (président du MJS), Karima Delli(Députée Européenne, EELV), Jean Desessard (Sénateur de Paris, EELV), Cécile Duflot (Secrétaire nationale EELV), Aurélie Filippetti (Députée, PS), Bastien François (Conseiller régional, EELV), Benoit Hamon (Conseiller régional, PS), François Hollande (Député, PS), Yannick Jadot (Député européen, EELV), Eva Joly (Députée Européenne, EELV), Nabila Keramane (Conseillère régionale EELV), Augustin Legrand (Conseiller régional, EELV), Claire Monod(Conseillère régionale, EELV), Noel Mamère (Député EELV), Corinne Morel-Darleux (Conseillère régionale, PG), Marie Toussaint (Présidente des jeunes verts), Jean-François Pellissier (Conseiller régionale, Les Alternatifs),  Emmanuel Poilane (Président de la Fondation Danielle Mitterrand), Jean-Baptiste Hérault (Droit au Logement), Danielle Fournier (Conseillère de Paris, EELV), etc…

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