A deux pas de l’Elysée, Jeudi noir squatte sous haute surveillance

Le Monde

Vendredi 7 janvier au matin, l' »inauguration » de la dernière prise de Jeudi noir avait lieu sous haute surveillance. Les forces de l’ordre étaient présentes en nombre devant l’immeuble investi par le collectif, avenue Matignon.

Depuis le 27 décembre, en toute discrétion, une trentaine de personnes occupent le bâtiment, destiné à l’origine à abriter des bureaux. Jeudi noir a de nouveau frappé un grand coup ; après s’être fait expulser en octobre de son précédent squat, un hôtel particulier place des Vosges, le collectif a choisi une nouvelle cible pour dénoncer le mal-logement et la hausse du prix de l’immobilier.

Mais cette fois-ci, le lieu est sensible : l’Elysée et l’ambassade d’Israël sont tout proches. Vers 9 heures et demie, les policiers ne laissent plus rentrer personne, ni les militants, ni les journalistes, ni les élus venus soutenir l’initiative. Les occupants ont, quant à eux, des difficultés pour sortir. Simon Cottin-Marx, membre du collectif Jeudi noir, explique l’importance symbolique du lieu qu’ils ont choisi et revient sur leur détermination à rester ici :

18 ÉTAGES ET 2 500 M²

L’immeuble, dont la belle façade en verre et métal fait face au siège d’AXA, le propriétaire des lieux, comporte 18 étages et 2 500 m² habitables, selon le collectif. Pour pénétrer à l’intérieur, pas d’autre solution que de grimper sur une poubelle dans la cour voisine.

Dans le hall du bâtiment, quelques « habitants«  répondent aux journalistes ; tous ont en commun leur précarité. A l’instar de Maxim Hupel, qui avance deux raisons pour partager ce squat avec le collectif et ses sympathisants : « La première est la nécessité. Je suis directeur d’une association, je gagne 1 200 euros par mois. Malgré mon CDI, aucune agence immobilière ne veut me faire confiance. Une annonce pour un 9 m² reçoit quarante demandes ! « 

Depuis un an qu’il est à Paris, il dit avoir vécu dans une quinzaine d’appartements. Il rêve de fonder une famille, d’être heureux.  » Mais que faire si on ne commence pas par la base, se nourrir et se loger ? », se demande-t-il.

Sa seconde raison est politique. « Il n’y a pas de vraie politique de logement en France, c’est du pipeau », lance-t-il. Pour mettre en lumière ce problème qu’ils jugent inquiétant, les membres du collectif n’hésitent pas à mener des actions spectaculaires. Alix Dre revient ainsi sur cet aspect, jugeant qu’il s’agit d’une « opération de communication », « mais ce n’est pas du cinéma ».

AXA SAISIT LA JUSTICE

Dans l’après-midi, la décision tombe : AXA décide de déposer un référé auprès du tribunal de grande instance de Paris pour demander l’expulsion des militants. « Un huissier va venir constater l’occupation des locaux en vue d’une ordonnance d’expulsion », affirme Guillaume Borie, du service de presse d’AXA. Il explique cette décision par « l’inadéquation des locaux et la sensibilité du lieu ».

M. Borie avance qu’un contentieux judiciaire explique l’absence d’activité dans ces locaux et dit « regretter vivement cette situation qui n’est pas normale ». « On comprend que ça paraisse fou que tant de mètres carrés soient vides en plein Paris », ajoute-t-il.

« Nous allons dormir dans un climat de tension, on devra encore se lever à 6 heures pour voir si on se fait expulser. On espère que la préfecture respectera la procédure judiciaire en cours et qu’elle ne procédera pas à l’expulsion sans attendre de décision d’un tribunal… « , dit un militant. Pour l’avocat de Jeudi noir, Pascal Winter, aucun doute : avec un emplacement aussi sensible, la décision d’expulsion – si elle intervient – sera avant tout politique et prise en haut lieu.

Soutien de la gauche et du Modem à un squat de Jeudi Noir près de l’Elysée

Le Parisien

Le collectif Jeudi noir a réalisé une nouvelle opération spectaculaire en occupant un immeuble de bureaux vide à deux pas de l’Elysée et du ministère de l’Intérieur pour attirer l’attention sur le sort des jeunes mal-logés, une opération soutenue par la gauche et le Modem.
De la terrasse du huitième étage de l’immeuble, propriété de la compagnie d’assurances Axa, les jeunes squatteurs jouissent d’une vue imprenable sur l’Elysée.
« Il y a des sanitaires à chaque étage » et l’électricité fonctionne, explique Karima Delli, députée européenne Europe Ecologie et membre de Jeudi Noir. A l’intérieur du bâtiment de 2.500 m2 aux façades de verre et de métal, les 27 occupants, étudiants, jeunes actifs et deux familles se sont installés sur huit étages.
Matelas et sacs de couchage sont disposés sur la moquette grise, parsemée de confettis. « On est a deux pas du ministère de l’Intérieur et de l’Elysée, c’est une manière de rappeler au gouvernement que les mal-logés existent », lance Margaux Leduc, 25 ans, alors qu’un ampli crache du Renaud, « Mon HLM ».
« A Paris, c’est le parcours du combattant pour un jeune ou un précaire de se loger », insiste un autre membre du collectif, Alix Dre.
Pour un jeune occupant surnommé « Renard » et sans logement, cette « chambre » au troisième étage tombe a pic. « J’habitais l’appartement de mon frère, mais il vient de rentrer de l’étranger ».
« Ce lieu est super adapté pour dépanner les gens. Mais ça pourrait ne pas durer », dit-il, en regardant au dehors un cordon de policiers, qui fait planer la menace d’une expulsion.
Propriété du groupe Axa, l’immeuble du 22 avenue Matignon, vide depuis 2006, est occupé depuis au moins une semaine par Jeudi Noir. Ses membres avaient été expulsés fin octobre 2010 d’un immeuble place des Vosges qu’ils avaient occupé pendant un an.
Les militants de Jeudi Noir entendent rester au moins le temps de la trêve hivernale. Mais un porte-parole d’Axa a annoncé vendredi en début d’après-midi que l’assureur est « en train de déposer un référé judiciaire » pour obtenir leur départ.
« Entre l’inadéquation des locaux et leur localisation géographique, on a fait le choix de déposer un référé », qui peut déboucher sur une expulsion, a-t-il expliqué.
Vendredi matin, plusieurs élus de gauche avaient fait le déplacement pour soutenir la démarche de Jeudi Noir: Yves Contassot (Verts), Aurélie Filippetti (PS), Martine Billard (Parti de gauche), ou Clémentine Autain (Fédération pour une alternative sociale et écologique, Fase).
« Le problème du logement, c’est le problème numéro un de la jeunesse, c’est ça l’urgence aujourd’hui », a assuré Mme Filippetti, députée PS de Moselle.
« Il y a des milliers de m2 de bureaux vides à Paris » et toujours « un manque criant de logements sociaux », a renchéri M. Contassot, conseiller de Paris.
Le président du conseil régional d’Ile-de-France Jean-Paul Huchon (PS) a apporté son soutien au collectif « qui, coûte que coûte, veut sensibiliser l’Etat à la dramatique situation du logement des jeunes précaires en Ile-de-France ».
Le NPA « exige l’application de la loi de réquisition des logements vides ».
Europe écologie-Les Verts « apporte un soutien à cette réquisition citoyenne de logement vide qui permet de loger trente jeunes étudiants et actifs ».
Quant au conseiller de Paris Jean-François Martins (Modem), il a estimé que cette occupation « est une preuve de plus de l’indigence des irresponsables qui spéculent sur des bâtiments vides alors que nombre de Parisiens galèrent pour trouver un logement ».

Faut-il réquisitionner les logements vides?

L’express

L’association Jeudi Noir a investi jeudi un immeuble parisien pour dénoncer la vacance de milliers de logements en pleine pénurie du marché locatif. Et vous, êtes-vous favorable à la réquisition des logements?

Quelques semaines après l’expulsion de leur squat place des Vosges, Jeudi Noir frappe à nouveau fort. Le collectif qui milite contre le mal logement a investi ce vendredi l’ancien siège de Saint-Honoré Assurance, inoccupé depuis 2006, avec vue plongeante sur l’Elysée dans l’un des quartiers les plus chics de Paris. Objectif de cette opération choc : attirer une nouvelle fois l’attention sur la vacance de logements dans un contexte de pénurie du marché locatif francilien, où 14700 ménages attendent une proposition d’hébergement ou de relogement.

Comme Droit au logement (DAL) ou la Fondation Abbé Pierre, Jeudi Noir demande l’application de la réquisition des logements vides prévue par une ordonnance de 1945. « Sur proposition du service municipal du logement et après avis du maire, le représentant de l’Etat dans le département peut procéder, par voie de réquisition, pour une durée maximum d’un an renouvelable, à la prise de possession partielle ou totale des locaux à usage d’habitation vacants, inoccupés ou insuffisamment occupés », indique l’article L. 641-1 du code de la construction. Et ce pour abriter les personnes « dépourvues de logement ou logées dans des conditions manifestement insuffisantes ». Le bénéficiaire s’acquitte ensuite d’une indemnité qui peut être couverte par une aide au logement. Plusieurs centaines de biens ont été réquisitionnés dans les années 90, avant que cet outil législatif ne tombe en désuétude.

Difficile de chiffrer précisément le phénomène de la vacance.L’Insee estime à 2,121 millions le nombre de logements vides en 2010 mais sans en préciser les causes. Certains logements ne le sont que momentanément, dans l’attente d’une relocation, d’une revente ou de travaux. Or la réquisition ou une taxe sur la vacance -déjà appliqué dans 8 agglomérations, dont Paris, depuis 1998- doit dissuader les propriétaires qui refusent volontairement de louer leur bien.

« La réquisition n’est pas l’expropriation »

Au niveau politique, la question transcende les clivages de partis. La gauche y est plutôt favorable mais le député UMP des Yvelines Etienne Pinte en a aussi fait son cheval de bataille. « Les maires et les préfets ont cet outil même s’ils répugnent à l’utiliser, les préfets ne voulant pas se fâcher avec les maires et les maires avec leurs administrés, au titre de la sacro-sainte propriété privée », expliquait-il mi-décembre, rappelant que « la réquisition n’est pas l’expropriation ». Un avis que ne partage pas le secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu qui juge l’idée « intellectuellement séduisante mais contre-productive ». « Je suis contre la réquisition. Quelqu’un qui ne souhaite pas mettre son bien sur le marché, c’est son choix et son droit », affirmait-il sur RMC l’an dernier, défendant plutôt l’idée d’une garantie des risques locatifs qui n’a pas eu le succès escompté…

Selon une sondage Ifop pour le site Seloger.com, 74% des Français seraient pourtant favorables à la réquisition des logements vides.

Jeudi Noir: «Seule une décision de justice pourra nous déloger»

Libération

Le collectif Jeudi Noir a investit un immeuble à deux pas de l’Elysée. Le propriétaire, AXA dépose un référé pour obtenir l’expulsion.

«Les flics, on les attendait plus tôt, ils ne sont arrivés que vers 7h30, prévenus par les vigiles du bâtiment d’en face, apparemment ils n’étaient pas au courant», s’étonne Simon Cottin-Marx, militant du collectif Jeudi Noir qui lutte pour la défense des mal logés. Il faut dire que les militants n’en sont pas à leur premier jour d’occupation.

C’est depuis le 27 décembre, qu’en toute discrétion une trentaine d’étudiants, jeunes actifs ainsi que deux familles se sont installés sur les huit étages du vaste bâtiment aux façades vitrées. Un bâtiment vacant depuis 2006 selon le collectif, à en juger par les dernières dates de contrôle des extincteurs.

Une belle prise: un immeuble de plus de 2500 m2, anciens locaux des assurances AXA, situé au 22 avenue de Matignon. A quelques mètres de la Place Beauvau et de L’Elysée.

L’électricité, l’eau et le chauffage

Il est 9 heures. Ambiance confidentielle, la presse et les caméras conviées pour l’occasion entrent au compte-goutte, suivies par une flopée d’élus. Le tout surveillé de près par une quinzaine de policiers en faction devant la façade.

«La porte n’était pas verrouillée, nous n’avons eu qu’à la pousser et à nous installer» explique l’un des nouveaux occupants, en faisant visiter les lieux à Augustin Legrand, co-fondateur des Enfants de Don Quichotte, venu en soutien, avec d’autres associatifs comme Jean-Baptiste Eyraud porte-parole du DAL.

A chaque étage, pêle-mêle, matelas, sacs de couchage, bouilloires et micro-ondes jonchent la moquette grise. Et du balcon du dernier étage: une vue imprenable sur l’Elysée. «C’est dingue, quand on est arrivé, il  y a avait toujours l’électricté, l’eau et le chauffage, on s’est répartis, en installant les familles le plus haut possible dans les étages pour les protéger, ici on peut loger entre 30 et 40 personnes», explique Sylvain, 31 ans et nouveau «pensionnaire» des lieux.

Comme une majorité ici, ce jeune militant de Jeudi Noir a été expulsé en octobre dernier de la Marquise. Cet hôtel particulier de la Place des Vosges réquisitionné pendant près d’un an, entraînant une condamnation de 80.000 euros d’indemnités pour les ex-occupants. Pour Sylvain « c’est une belle revanche, mais pour combien de temps?»

La crainte de l’expulsion

Il est à peine 10 heures et déjà au rez-de-chaussée, les policiers viennent de bloquer toute entrée. Dans le hall une vingtaine de militants se mettent à crier en chœur «Application de la loi de réquisition!». La crainte de l’expulsion est sur toutes les lèvres. «C’est un scandale, ils n’ont pas le droit!» lance une femme, regardant par la vitre les camions de police se poster au coin de la rue.

«Il n’y a pas eu effraction, nous sommes désormais installés avec nos affaires, nos lits. On a contracté un abonnement Internet, il y a quelques jours… Nous pouvons attester que c’est notre domicile», explique Simon Cottin-Marx de Jeudi Noir. Dernière précaution, le collectif a demandé un constat d’huissier, effectué lundi dernier. «Il est venu constaté notre présence lundi afin de certifier que l’endroit était occupé en sous-marin depuis dix jours». De quoi, éviter le délit dit «de flagrance». «Seule une décision de justice pourra nous déloger à présent», renchérit le militant.

Une seule crainte qu’AXA, propriétaire des lieux, dépose plainte.  A 16h30, Jeudi Noir voit cette crainte confirmée: «Axa va porter plainte et lancer une procédure de référé contre nous», indique le collectif.

Jeudi Noir s’offre un 4000 m2 avec vue sur l’Elysée

L’express

Le collectif de mal-logés Jeudi Noir occupe depuis le lundi 3 janvier un immeuble de 4000 mètres carrés dont 2500 habitables, au coeur du 8e arrondissement, dans un des quartiers réputés les plus sécurisés de la capitale. Cinq jours plus tard, ils ont décidé de rendre leur action publique, afin de dénoncer le nombre croissant de logements inoccupés à Paris.

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