Flagrance
Le Monde
Les membres du collectif Jeudi Noir, qui squattent l’immeuble du 22, avenue Matignon dans le 7e arrondissement de Paris, ont une vue imprenable sur l’Elysée. Et ils ont la chance de résider à deux pas du ministère de l’intérieur, place Beauvau. Propriété du groupe Axa, le local était vide depuis quatre ans. Ses 2 500 m2 habitables ne demandaient qu’à accueillir la trentaine d’étudiants, de mères célibataires, de chômeurs et d’intermittents du spectacle qui s’y sont discrètement invités entre Noël et Nouvel An et ont pris soin de faire reconnaître leur présence par huissier : pour ne pas être expulsés, il faut prouver qu’on occupe les lieux depuis un certain temps, que le « délit de flagrance » est dépassé.
Flagrance sonne bizarrement et fait penser à fragrance. Ici, il y a comme un parfum de rébellion. Et, si la police s’en mêle malgré l’absence de flagrant délit, ça peut sentir mauvais.
Ce qui est flagrant, c’est qu’il y a plus de 120 000 logements vacants à Paris. Les pouvoirs publics s’obstinent à oublier qu’il existe une loi leur permettant de les réquisitionner. C’est ce qu’on appelle un délit de fuite devant ses responsabilités.
Robert Solé
Article paru dans l’édition du 09.01.11
Jeudi Noir dans la presse internationale
http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-12135687
http://www.straitstimes.com/BreakingNews/World/Story/STIStory_621979.html
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/france/8246036/Students-squat-in-plush-Paris-neighbourhood.html
http://www.cultureclashdaily.com/page1111369.php
http://www.presstv.ir/detail/159268.html
http://www.demotix.com/news/552323/french-squatters-blocked-police-close-sarkozys-home
http://www.monstersandcritics.com/news/europe/news/article_1610098.php/French-opposition-visits-squatters-protesting-Paris-housing-plight
http://www.allheadlinenews.com/articles/7021379944?Student%20activists%20occupy%20vacant%20Paris%20building%20to%20highlight%20housing%20lack
http://www.blitzquotidiano.it/politica-europea/francia-squatter-eliseo-sarkozy-704651/
http://derstandard.at/1293370227344/Frankreich-Sarkozys-neue-Nachbarn-Hausbesetzer
http://www.fnp.de/fnp/nachrichten/politik/rmn01.c.8568198.de.htm
http://www.stern.de/news2/aktuell/hausbesetzern-mit-blick-auf-pariser-praesidentenpalast-droht-raeumung-1641163.html
http://www.otz.de/startseite/detail/-/specific/Axa-erwirkt-Raeumung-von-besetztem-Haus-in-Paris-1021958412
http://www.abc.es/agencias/noticia.asp?noticia=645964
http://www.elcomercial.com.ar/index.php?option=com_telam&view=deauno&idnota=14208&Itemid=116
http://politica.eluniversal.com/2011/01/07/int_ava_sarkozy-tiene-a-inv_07A4946183.shtml
http://www.prensa-latina.cu/index.php?option=com_content&task=view&id=253140&Itemid=1
http://finance.sina.com.cn/stock/usstock/c/20110107/23319221369.shtml
http://www.tovima.gr/default.asp?pid=2&ct=2&artId=376753&dt=07/01/2011
Jeudi Noir, un trublion dans la politique du logement
Le Monde
Les trublions des mal-logés sont de retour. Deux mois après leur expulsion d’un hôtel particulier de la place des Vosges, au coeur de Paris, des membres du collectif Jeudi Noir ont annoncé, vendredi 7 janvier, avoir investi un immeuble de bureaux vide, propriété de l’assureur Axa, situé près de l’Elysée.
Cette occupation est la dernière d’une longue série, orchestrée par un groupe de jeunes militants qui ont compris comment attirer la sympathie de l’opinion publique et l’intérêt des médias. Mais ces opérations paient-elles ?
« Une fois sur deux, ça se finit bien. Nous partons après avoir obtenu la certitude que l’immeuble occupé sera transformé en logements abordables », explique Manuel Domergue, 29 ans, cofondateur du collectif. Et de citer le cas d’un bâtiment du 2e arrondissement de Paris, propriété de la banque CIC, qui, suite à son occupation fin 2006, a été acheté par l’office public Paris Habitat et transformé en logements sociaux.
« La bataille présidentielle était lancée, Ségolène Royal était venue nous voir, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, aussi, le contexte était favorable », avoue Julien Bayou, cofondateur du collectif, élu depuis mars 2010 au conseil régional d’Ile-de-France sur la liste commune PS-Europe Ecologie.
OPÉRATIONS COUP-DE-POING
Parfois, les occupations permettent d’accélérer les projets de reconversion. Ainsi d’un immeuble du 11e arrondissement de Paris, voué à devenir un foyer pour travailleurs migrants. Ou d’un bâtiment dans le 5e arrondissement appartenant au centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous), inoccupé depuis des années, dans l’attente d’un projet de logements pour étudiants handicapés.
Mais il y a aussi eu des « défaites en rase campagne », admet Manuel Domergue. Les squatteurs de la rue de Sèvres (7e arrondissement) ou de la place des Vosges (3e arrondissement) ont été expulsés sans aucune garantie. Les immeubles, une fois récupérés par leurs propriétaires, sont souvent redevenus vacants. Et les occupants ont été condamnés à payer des indemnités pour les dommages occasionnés. Les procédures sont en cours, mais quelques saisies bancaires ont été faites à la hauteur des moyens, souvent limités, des squatteurs.
La contribution des squatteurs, quelques dons de sympathisants ou l’aide d’avocats militants permettent à l’association de mener ses actions sans s’étrangler financièrement. Quelle que soit l’issue de ses « réquisitions citoyennes », Jeudi Noir considère qu’il a atteint son but : dénoncer la flambée des prix, les milliers de logements vacants et la politique du logement.
Le collectif, créé en 2006, s’est aussi façonné une image d’interlocuteur, voire de boîte à idées, auprès des politiques. A défaut de pouvoir s’imposer comme partenaire de négociation avec le gouvernement, il a été reçu par les ministres du logement successifs, au même titre que des associations plus anciennes, comme la Fondation Abbé Pierre ou Droit au logement (DAL).
Souvent de sensibilité de gauche, les militants diffusent leurs propositions au PS ou chez les écologistes, en vue de l’élection présidentielle de 2012. Ils s’appuient pour cela sur un réseau d’anciens ou de sympathisants entrés en politique.
Catherine Rollot
Eva Joly mange une galette avec des squatteurs
Le JDD
La candidate écologiste s’est rendue dans l’immeuble occupé à deux pas de l’Elysée.
« La vue sur l’Elysée est très belle. » Samedi, depuis le huitième étage du bâtiment de l’avenue Matignon, occupé par le collectif Jeudi noir, Eva Joly a pu admirer le tout proche palais présidentiel qu’elle convoite en 2012. Une visite de soutien calée le matin même. Arrivée en portant une galette des rois et le sac à dos rempli de victuailles, la candidate écologiste a apporté des vivres à la vingtaine de squatteurs qui logent depuis fin décembre dans cet immeuble d’AXA. « Ces locaux sont vides depuis cinq ans, c’est une provocation! », s’indigne-t-elle.
Une visite opportune qui lui permet de réaffirmer sa détermination pour 2012, à un moment où sa candidature pâlit à l’ombre de l’hypothèse Hulot. « La précarité des jeunes et le logement seront des grands thèmes de ma campagne« , confiet-elle. Sa présence est « un bon coup pour elle« , se félicite Julien Bayou, figure de Jeudi noir et conseiller régional Europe Ecologie-les Verts. « Il y a cinq millions de mètres carrés de bureaux vides en Ile-de-France. Nous réclamons une vraie politique de logement en rupture avec l’inaction des pouvoirs publics », martèle le jeune homme.
De nombreux policiers filtrent l’accès aux lieux. Les élus, eux, peuvent passer. Après avoir partagé la galette et bu un verre de cidre bio, Joly passe voir d’anciens bureaux transformés en dortoirs. Entourée de plusieurs Verts – dont Augustin Legrand et l’eurodéputée Karima Delli qui dort sur place depuis trois nuits –, l’ancienne juge en profite pour donner quelques conseils juridiques aux nouveaux habitants. « Officiellement, AXA est prêt à discuter« , assure Pascal Winter, l’avocat du collectif. Eva Joly s’est proposée comme « médiatrice« . Pour la petite histoire, la candidate à l’Elysée n’a pas eu la fève.
Eva Joly aux côtés du collectif « Jeudi noir »
Le JDD
La candidate écologiste Eva Joly a rendu visite samedi aux militants du collectif « Jeudi noir » qui occupent depuis plusieurs jours un immeuble de bureau vacant, appartenant à la société Axa, situé avenue Matignon (VIIIe arrondissement), à deux pas de l’Elysée. L’eurodéputée est arrivée avec une galette des rois et un sac à dos rempli de victuailles. « Ces locaux sont vides depuis cinq ans, c’est une provocation! », s’est-elle indignée.