Logement: les squatteurs de « Jeudi Noir » toujours voisins de l’Elysée
Nouvel Obs
PARIS (AP) — Le collectif « Jeudi Noir » occupait toujours, lundi, un immeuble de bureaux vide à Paris à proximité de l’Elysée et du ministère de l’Intérieur, sous haute surveillance policière. Les trente personnes installées dans le bâtiment doivent montrer patte blanche aux forces de l’ordre pour aller et venir.
Les occupants, qui dénoncent les difficultés d’accès au logement et exigent du gouvernement qu’il plafonne les loyers des petites surfaces comme les chambres de bonne, ont reçu dans la matinée la visite du président socialiste de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon, accompagné du porte-parole du PS Benoît Hamon.
Il a fallu une demi-heure de discussion avec les forces de l’ordre pour que la délégation et une dizaine de journalistes puissent passer le barrage policier devant la porte, et accéder aux locaux pour une durée de quinze minutes, a-t-on constaté sur place.
A l’intérieur, les occupants ont transformé plusieurs bureaux en chambres dans lesquelles sont installés quelques matelas à même la moquette. Les sanitaires situés à chaque étage -dont certains disposent de douches- sont utilisés comme salles de bain.
Après cette courte visite, marquée par une séance photo sur la terrasse, au huitième étage du bâtiment, d’où l’on voit les toits et les drapeaux tricolores de l’Elysée, M. Huchon s’est déclaré « disponible » pour faciliter une négociation « à condition qu’il y ait une possibilité de sortie de négociation ».
Arrivé sur place dans la plus totale discrétion le 27 décembre, le collectif « Jeudi Noir » a « officialisé » l’occupation de cet immeuble appartenant à Axa et situé 22 avenue Matignon dans le VIIIe arrondissement de la capitale, vendredi dernier.
Le 3 janvier, « Jeudi Noir » a même fait constater l’occupation des lieux par un huissier afin d’avoir la preuve d’une présence sur place depuis plus de trois jours. Cela contraint les autorités à recourir à une procédure judiciaire et évite ainsi une expulsion manu militari.
Mais la proximité de l’Elysée, du ministère de l’Intérieur, et de l’ambassade d’Israël a conduit au maintien d’un important dispositif de sécurité, malgré l’ouverture de négociations entre « Jeudi Noir » et Axa qui a tout de même décidé de déclencher une procédure pour obtenir l’évacuation.
Le recours « est toujours en cours de rédaction », précisait-on lundi à la direction d’Axa, dont le siège est situé face à l’immeuble occupé. On confirmait également les discussions avec « Jeudi Noir » qui « se passent bien. On cherche une solution qui puisse satisfaire tout le monde ».
« Notre problème aujourd’hui, ce n’est pas Axa mais la préfecture. Vendredi la police bloquait totalement l’accès. Samedi, c’était la nourriture, et aujourd’hui les duvets. L’accès est limité aux trente militants. On est bloqué en mode camping, mais ça n’atteint pas le moral parce qu’on a beaucoup de soutien », a expliqué lundi à l’Associated Press Julien Bayou, porte-parole du collectif et conseiller régional Ile-de-France d’Europe Ecologie.
« L’idée symbolique avec cette action, c’est ‘les mal-logés s’installent à Matignon avec vue sur l’Elysée’. On a voulu rappeler à Apparu qu’il avait promis de plafonner les loyers des petites surfaces », a-t-il ajouté.
Dans un entretien au journal « Libération » daté du 20 septembre 2010, le secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu demandait aux professionnels de l’immobilier de mettre un terme aux « loyers démesurés » des petits logements proposés aux étudiants dans certaines grandes villes, notamment à Paris.
« Je donne six mois aux professionnels de l’immobilier et aux syndicats de bailleurs pour me faire des propositions concrètes », déclarait le secrétaire d’Etat. « Si je n’ai pas de réponses convaincantes, j’envisagerai l’arme de la réglementation. Le gouvernement prendra ses responsabilités », ajoutait-il.
De manière plus générale, « nous demandons une autre politique du logement, la modification de bureaux en logements, une régulation des prix et des loyers en particulier pour les baux de relocation », a précisé Julien Bayou.
Sur la façade du 22 avenue Matignon, « Jeudi Noir » a déployé une grande banderole blanche sur laquelle on peut lire en noir: « Réinventons la politique du logement ». « Un détournement gentil du slogan d’Axa », sourit Julien Bayou. La compagnie d’assurance a en effet pour devise: « Réinventons notre métier ». AP
Soutien de la CGT Axa à l’occupation du 22 avenue Matignon
Lettre de soutien de la CGT Axa au président des assurances Axa propriétaire du 22 avenue Matignon
Bonjour Monsieur le Président,
Nous faisons suite à l’occupation de trente étudiants dans les locaux du 22, avenue Matignon dans le 8e à Paris, ancien siège de Saint Honoré Assurance, immeuble vide et sans surveillance, réquisitionné, pour protester contre « l’inaction des pouvoirs publics contre le mal-logement ».
Au-delà des répercussions médiatiques, justifiées par cette action que La CGT soutient, nous attirons votre attention sur la politique du Groupe en matière d’emplois précaires et plus particulièrement sur les embauches successives de salariés en CDD et en alternance qui ne voient jamais se contractualiser leur investissement dans le groupe à cause d’une stratégie basée sur la délocalisation de l’emplois.
Dans Axa, il y a des salariés qui sont en sursis, d’une part parce que la politique en matière de rémunération ne permet plus un logement convenable dans la périphérie parisienne compte tenu de la hausse des loyers au regard des augmentations de salaires qui sont largement insuffisantes, d’autre part, la précarité de plus de 10 % du personnel dans Axa France plus particulièrement (jeunes en alternance et CDD) qui ne permet pas à terme la possibilité d’obtenir un logement décent.
Ces remarques sont faites régulièrement à chaque instance sur Axa France et dans le Groupe sans que jamais aucun écho favorable ne soit fait à nos demandes et ce depuis de nombreuses années.
Nous vous demandons donc, de bien vouloir surseoir, au moins jusqu’à la fin de la période hivernale à une décision du Groupe qui irait jusqu’à l’expulsion de ces jeunes ainsi que des familles qui les ont rejoint, et nous formons le vœu en cette nouvelle année 2011 que vous irez dans le sens d’une politique d’amélioration des revenus de vos salariés ainsi que d’une politique d’emplois conséquente de manière à éviter que ce reproduise ce genre d’incident et qu’il ne s’étende aux salariés du Groupe que vous dirigez.
Bien cordialement
Pour la CGT
Brigitte ZOUARI
Coordinatrice Syndicale Nationale
Groupe Axa
Bonjour Monsieur le Président,
Nous faisons suite à l’occupation de trente étudiants dans les locaux du 22, avenue Matignon dans le 8e à Paris, ancien siège de Saint Honoré Assurance, immeuble vide et sans surveillance, réquisitionné, pour protester contre « l’inaction des pouvoirs publics contre le mal-logement ».
Au-delà des répercussions médiatiques, justifiées par cette action que La CGT soutient, nous attirons votre attention sur la politique du Groupe en matière d’emplois précaires et plus particulièrement sur les embauches successives de salariés en CDD et en alternance qui ne voient jamais se contractualiser leur investissement dans le groupe à cause d’une stratégie basée sur la délocalisation de l’emplois.
Dans Axa, il y a des salariés qui sont en sursis, d’une part parce que la politique en matière de rémunération ne permet plus un logement convenable dans la périphérie parisienne compte tenu de la hausse des loyers au regard des augmentations de salaires qui sont largement insuffisantes, d’autre part, la précarité de plus de 10 % du personnel dans Axa France plus particulièrement (jeunes en alternance et CDD) qui ne permet pas à terme la possibilité d’obtenir un logement décent.
Ces remarques sont faites régulièrement à chaque instance sur Axa France et dans le Groupe sans que jamais aucun écho favorable ne soit fait à nos demandes et ce depuis de nombreuses années.
Nous vous demandons donc, de bien vouloir surseoir, au moins jusqu’à la fin de la période hivernale à une décision du Groupe qui irait jusqu’à l’expulsion de ces jeunes ainsi que des familles qui les ont rejoint, et nous formons le vœu en cette nouvelle année 2011 que vous irez dans le sens d’une politique d’amélioration des revenus de vos salariés ainsi que d’une politique d’emplois conséquente de manière à éviter que ce reproduise ce genre d’incident et qu’il ne s’étende aux salariés du Groupe que vous dirigez.
Bien cordialement
Pour la CGT
Brigitte ZOUARI
Coordinatrice Syndicale Nationale
Groupe Axa
Squat-Elysée : Huchon soutient Jeudi Noir
Europe 1
Jean-Paul Huchon a apporté vendredi son soutien à l’occupation par Jeudi Noir d’un immeuble avenue Matignon, dans le VIIIe arrondissement de Paris, tout près de l’Elysée et du ministère de l’Intérieur. « Cette nouvelle action, jugent-ils, souligne douloureusement la passivité de l’Etat et son manque de réactivité à utiliser tous les leviers pour résorber la crise et répondre aux besoins, comme notamment la réquisition de logement vacants », a estimé le président du conseil régional d’Ile-de-France dans un communiqué. Un communiqué qui précise que la région a engagé 271,2 millions d’euros en 2011 en faveur du logement social et pour les étudiants.
Le NPA soutient l’occupation de Jeudi noir
Europe 1
Le NPA a annoncé vendredi dans un communiqué soutenir l’occupation d’un immeuble parisien par le collectif Jeudi noir et a exigé « que les occupants de cet immeuble ne soient pas expulsés ». Le parti d’extrême gauche rappelle que » le droit au logement est un droit fondamental qui devrait être une priorité pour tout pouvoir en place » et rappelle qu’il « faut appliquer la loi de réquisition des logements vides, construire tous les logements sociaux nécessaires et de bonne qualité, appliquer l’article 55 de la loi SRU, plafonner et encadrer les loyers ».
Jeudi Noir a vue sur l’élysée
20 minutes
Logement Le collectif a « réquisitionné » un immeuble avenue Matignon
«Maintenant, Messieurs le Président et les ministres, les mal-logés sont en bas de chez vous. » C’est le message qu’a voulu faire passer Jeudi Noir en s’installant fin décembre au 22, avenue Matignon (8e). Ils ne l’ont fait savoir que ce week-end. Aujourd’hui, 26 « habitants » occupent cet immeuble de bureaux, 2 500 m2 et une terrasse avec vue sur l’Elysée, vacant depuis 2007. Etudiants, jeunes actifs ou même familles, ils n’ont qu’un point commun : ils sont exclus du parc locatif parisien.
Sans CDI, pas d’appartement
Renard, 35 ans, a dû récemment quitter l’appartement de son frère, qui l’hébergeait. Bien qu’il travaille depuis l’âge de 18 ans, trouver un appartement lui semble impossible. « Je suis auto-entrepreneur, dans l’informatique. Sans CDI, tout ce qu’il me reste, c’est la colocation. Mais on demande environ 700 € par mois pour une chambre ; avec des revenus irréguliers, c’est trop cher. »
Samedi, environ 150 personnes, dont l’eurodéputée (Europe Ecologie) Eva Joly, sont venues soutenir les squatteurs. Leur apporter des vivres « et des sourires », à la barbe des policiers postés devant le bâtiment depuis trois jours. « C’est la preuve que la lutte contre le mal-logement réunit tout le monde », se réjouit Elise, militante Jeudi Noir.
Le collectif réclame que la taxe sur la vacance s’applique aux bureaux : il y en aurait 5 millions de vides en Ile-de-France. Mais aussi l’application de la loi SRU, qui oblige certaines communes à disposer de 20 % de logements sociaux. Enfin, il demande un plafonnement des loyers des petites surfaces, qui atteignent des sommets à Paris. « Je ne peux pas cautionner que l’on s’attaque aux biens des autres », a déclaré le secrétaire d’Etat au Logement, Benoist Apparu. « On ne lui demande pas de cautionner, mais de faire son travail, répond Jeudi Noir. Ainsi, on n’aurait plus besoin de réquisitions. »
Hélène Colau