Sarkozy est un mauvais voisin
Dans libéblog: En direct de la crise du logement
17h, mercredi soir, au moment des vœux de notre célèbre voisin aux parlementaires, plusieurs d’entre eux avaient séché.
Une sénatrice du Parti de Gauche et quatre députés Verts sont arrivés, armés de tabourets, de lampes avec ampoules de basse-consommation, ainsi que de fruits et légumes bio. A l’occasion de leur venue, le ministère de l’Intérieur avait dépêché 70 gendarmes en mode «Robocop» devant notre bâtiment.
Pendant plus d’une heure les slogans ont fusé«laissez entrer les tabourets», «le Commissaire est d’accord pour l’étagère». Mais rien à faire, nos affaires sont restées à la porte.
Occupants du lieu depuis le 27 décembre 2010, découverts par la police le 7 janvier, et depuis impossible de rentrer chez soi. Les habitants négocient en permanence pour faire entrer les élus, ramener de la nourriture, ou essayer (en vain) de faire rentrer copains et copines. Occupants sans droits ni titre, le plus absurde de cet affrontement est que nous ne sommes pas dans l’illégalité, nous n’avons toujours pas reçu d’assignation du juge, et nous sommes encore moins jugés coupables, et condamnés à l’expulsion.
On est donc en droit de se demander ce que fait la police devant chez nous, et pourquoi elle filtre les entrées ? En effet, il n’y a aucune justification à ce que soit remis en cause le droit d’habitation, comme la liberté de circulation. Ce constat fait consensus: les élus PG et Verts ont écrit au préfet, quant à Etienne Pinte, député UMP des Yvelines, il s’est engagé à en parler a Brice Hortefeux.
C’est ce qui nous faire dire que Nicolas est un mauvais voisin. Si il a besoin de sel, on ne lui filera que du poil à gratter… mais tiens, on dirait que ça le démange déjà… de nous expulser.
Radio campus: La Matinale du 10 janvier
Ce lundi Maxime, Guillaume et l’équipe de Contrepoint reçoivent: ici
– Marine Tondelier, porte-parole des Jeunes Verts et membre d’Europe Ecologie Les Verts, et Pierre Champard, président d’Act Up Paris, pour parler de « l’hypocrisie de la politique de la France en matière de drogues ».
– Maxime, membre de Jeudi Noir pour faire le point sur la situation du nouveau squat avec vue sur l’Elysée du collectif parisien.
– Benjamin Haddad, le président de Génération France Jeunes, le nouveau visage des jeunes de droite.
Les élus du Parti de Gauche demande au préfet de lever le camp.
Lettre ouverte à Monsieur Michel GAUDIN, préfet de police de Paris, par les élus du Parti de Gauche
Communiqué de presse des député-es Europe Ecologie – les Verts Paris, le 13 janvier 2011
Mercredi 12 janvier 2011, les forces de police ont bloqué l’accès aux député-es, aux conseillers de Paris
et conseillers régionaux écologistes venus apporter victuailles et petit mobilier à ceux que l’on peut appeler «les
assiégés de Matignon». Dans une confusion difficile à comprendre, où l’on autorise un temps une chaise à être
introduite mais où un panier de pommes semble constituer une grave menace à l’ordre public, il aura fallu que
nous appelions la préfecture puis le ministère afin de pouvoir pénétrer dans l’immeuble et de faire respecter la
liberté de circulation des représentants de la nation que nous sommes.
Une heure durant, les forces de police auront donc tout fait pour empêcher notre entrée.
Cette occupation symbolique d’un immeuble vacant depuis 5 ans rappelle pourtant que depuis l’élection de Nicolas
Sarkozy la crise du logement n’a cessé de s’aggraver.
La politique pour une «France de propriétaires» a débouché sur des mesures budgétaires et fiscales très coûteuses
sans le moindre résultat pour abaisser le coût d’accès au logement. Dans le même temps, malgré des effets
d’annonce sur le «droit au logement opposable», le désengagement de l’Etat pour le logement social se poursuit.
Rien n’a été fait pour lutter efficacement contre le phénomène des logements vacants et exercer la loi de réquisition.
Les député-es Europe Ecologie – Les Verts ont demandé la tenue à l’Assemblée nationale d’un débat sur l’application
de la loi SRU (solidarité et renouvellement urbain). Il aura lieu le 3 février. Mais l’attitude des forces policières
ce soir ne participe pas à nous rassurer quant à la volonté de dialogue et d’écoute d’un gouvernement plus
enclin à utiliser la force et ce au mépris des droits les plus élémentaires.
Les députés Europe Ecologie demandent donc :
– que soit reconnue la libre circulation des personnes logées à cette adresse avant que toute décision de justice
soit prise dans le cadre des procédures en cours ;
– que ces mêmes personnes puissent être en mesure de recevoir toute aide médicale et alimentaire nécessaire;
– qu’il ne soit pas permis aux forces de police de se substituer à toute décision de justice;
– que la libre circulation des élu-es soit assurée en ce lieu.
Les parlementaires ont envoyé une lettre au Préfet de police de Paris pour rappeler au respect de leur liberté de
circulation et faire entendre leurs vigoureuses protestations quant au traitement qui leur a été réservé par les
forces de police présentes au 22 de la rue de Matignon.
Les député-es Europe Ecologie-les Verts
Anny Poursinoff, Yves Cochet, Noël Mamère et François de Rugy
Jeudi Noir à Matignon, Esaïe peut s’en mêler ?
Christianisme Social
jeudi 13 janvier 2011, par Héloïse Duché
Le 7 janvier le collectif Jeudi Noir a inauguré un squat au 22 avenue de Matignon. Habitués des réquisitions spectaculaires, les militants frappent cette fois à deux pas de l’Elysée pour dénoncer la non application de la loi de réquisition et faire entendre leur propositions pour lutter contre la crise du logement. La réaction ne s’est pas faîte attendre : depuis les CRS entourent le bâtiment. La gauche est unanime pour dénoncer ce qu’elle appelle un « siège » et soutenir les squatteurs. La classe politique dans son ensemble se sent concernée. Les médias ne sont pas en reste devant cette mise en scène d’ouverture de squat (car il s’en ouvre de moins prestigieux tous les jours). Et les chrétiens ?
« Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours dans l’allégresse, A cause de ce que je vais créer ; Car je vais créer Jérusalem pour l’allégresse, Et son peuple pour la joie. Je ferai de Jérusalem mon allégresse, Et de mon peuple ma joie ; On n’y entendra plus Le bruit des pleurs et le bruit des cris. Il n’y aura plus ni enfants ni vieillards Qui n’accomplissent leurs jours ; Car celui qui mourra à cent ans sera jeune, Et le pécheur âgé de cent ans sera maudit. » Esaïe 65-18 à 20
Le Seigneur nous promettait une Jérusalem accueillante où chacun pourrait vivre jusqu’à plus de cent ans. On peut en déduire facilement que tous aurait donc un logement décent. En France aujourd’hui, et particulièrement à Paris, le marché immobilier est devenu fou avec toutes les conséquences que l’on sait et la nécessité pour beaucoup de militants chrétiens (ou non) de s’engager dans les associations de soutien et d’accompagnement des mal-logés. Dans toutes les villes de France, comme dans certaines campagnes, des gens, seul-es, en famille, avec un travail ou non, ayant fait des études ou non, avec des papiers ou non, vont s’installer là où il y a de la place. Parfois leur action se double d’un militantisme, ce sont des lieux qui se veulent des lieux de vie, de rencontres, d’expériences concrètes d’un autre mode de vie. Souvent il s’agit simplement d’une solution de misère pour éviter la rue quand on arrive en France après avoir traversé le Sahara à pied, ou simplement quand on se retrouve à la rue. Le plus souvent ce ne sont pas des lieux insalubres qui sont occupés, mais des immeubles vides depuis longtemps mais habitables, propres, avec l’eau et l’électricité, où les squatteurs s’installent pour… se loger dignement.
Dieu ne tient pas ses promesses ? La faute au marché, à la spéculation, aux mégalopoles, aux riches, la faute aux hommes ? C’est une question pour un théologien. Je note simplement qu’il est de la responsabilité des hommes de réparer aujourd’hui. Dans les associations d’aide mais plus que jamais en proposant des alternatives, en les faisant vivre, en attirant l’attention… bref en militant. C’est ce que font de nombreuses associations ou collectifs, le Collectif des Associations Unies pour une Nouvelle Politique du Logement, Jeudi Noir, Droit Au Logement, entre autres.
« Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, Et qui joignent champ à champ, Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, Et qu’ils habitent seuls au milieu du pays ! Voici ce que m’a révélé l’Éternel des armées : Certainement, ces maisons nombreuses seront dévastées, Ces grandes et belles maisons n’auront plus d’habitants » Esaïe 5. 8-9
Pour le collectif Jeudi Noir, la lutte contre le mal logement se décline en réquisition de logements vides, en squats médiatisés, vécus comme des actions politiques. Les lieux ouverts permettent de loger des « galériens du logement » et il s’y pratique souvent des expériences alternatives, culturelles, politiques, festives. Cependant, le but premier semble être d’attirer l’attention des médias et des pouvoirs publics sur cette question. Et force est de constater que cela fonctionne.
Le 7 janvier Jeudi Noir a rendu public un squat investi depuis fin décembre, dans un immeuble vide depuis quatre ans au 22 rue de Matignon, à deux pas de l’Elysée. Cette occupation fait suite à l’expulsion le 25 octobre 2010 du squat « La Marquise », rue de Birague, prés de la place des Vosges. Jeudi Noir s’installe et revendique dans des lieux de pouvoir, de culture, d’Histoire. Bien évidemment il s’agit d’une stratégie médiatique. Mais ne peut-on aussi y voir (ce qui n’apparaît pas dans leur discours) la volonté de ne pas faire de nos centres historiques des mausolées à la gloire d’un temps révolu, et de leur redonner leur fonction première : loger les citadins, riches ou pauvres. « Ils ne bâtiront pas des maisons pour qu’un autre les habite, Ils ne planteront pas des vignes pour qu’un autre en mange le fruit ; Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres, Et mes élus jouiront de l’œuvre de leurs mains. » Jérusalem n’a pas été bâtie pour être un musée mais bien un lieu de vie, Paris aussi !
« Ils bâtiront des maisons et les habiteront ; Ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. Ils ne travailleront pas en vain, Et ils n’auront pas des enfants pour les voir périr » Esaïe 65 18-22
L’action de Jeudi Noir ne serait qu’un feu de paille si elle ne s’accompagnait de propositions réfléchies et réalistes pour mettre un terme à la crise du logement. C’est certainement l’une des conditions de leur audience : les actions « désobéissantes » sont soutenues par une réflexion sérieuse et des revendications politiques concrètes. On note, à chaque réquisition, un double mouvement, d’une part des revendications immédiates concernant le bâtiment en question, d’autre part un rappel incessant des mesures générales à adopter, des lois à faire appliquer pour lutter contre la crise du logement. http://www.mediapart.fr/files/Chap_…
Est-ce l’activisme de Jeudi Noir, leurs méthodes d’agitateurs publics qui gênent le pouvoir ? Ou serait-ce plutôt qu’ils mettent en avant des revendications réalisables que le gouvernement, mais aussi les maires, ne sont pas prêts du tout à relayer ? Toujours est-il que ce collectif fait désordre, la meilleure preuve est qu’on essaie de le faire taire. Ils se trimballent une queue de procès tous plus coûteux les uns que les autres et ils sont actuellement encerclés par les CRS avenue de Matignon.
Bien sûr, cela fait partie du jeu, sans procès et sans CRS, tout ceci amuserait moins les journalistes. Mais n’y a-t-il pas là un problème de renversements des valeurs ? Le pouvoir préfère protéger le droit à la propriété, plutôt que de faire vivre le droit au logement, inversant ainsi la balance entre les intérêts privés et les intérêts communs… Il n’y a pas que le marché de l’immobilier qui perd la tête !
Héloïse Duché
Pour s’informer sur Jeudi Noir et soutenir leur action : https://jeudi-noir.org